Première moitié du XIXème siècleLe Romantisme.L'explosion des formes musicales caractérise ce mouvement qui entraîne l'Europe toute entière. L'évolution de l'écriture musicale, le brillant et la virtuosité exigés par cette musique nouvelle obligent les clarinettistes à réaliser de véritables prouesses avec leur clarinette à six clés, d'où nouvel objectif : rendre l'instrument plus véloce, plus homogène et plus juste grâce à l'adjonction de nouvelles clés.
Evolution.Au début du XIXème siècle, MOLLENHAUER construit des clarinettes en buis, dotées de sept clés en laiton, les tampons en saillie sont ronds et les viroles en bois foncé.
En 1808, SIMIOT à Lyon, construit une clarinette à huit clés.
En 1809,
Heinrich Joseph BARMANN, adopte une clarinette à dix clés avec laquelle il joue les oeuvres écrites à son intention par C.-M. von WEBER (il se produit notamment à Paris en 1818 avec cette clarinette).
D'après son fils Karl, cette clarinette aurait été construite par GRESLING et SCOTT de Berlin.
Les perfectionnements les plus notoires, par la suite, sont l'oeuvre du clarinettiste virtuose et compositeur germano-esthonien Ivan MULLER (1786-1858) qui crée en 1812 un instrument à treize clés : la clarinette "Système MULLER". La construction en est confiée à GENTELET, facteur à Paris. (Notons que l'Académie Royale de Paris rejetait cet instrument).
Dans sa méthode qui date de 1825 environ, le novateur déclare que "jusqu'ici, la clarinette était le plus imparfait de tous les instruments à vent".
Cette clarinette fait preuve d'une justesse inconnue auparavant, elle permet d'accéder plus facilement au suraigu et de passer sans grandes difficultés d'un registre à l'autre. MULLER crée aussi le mode de fixation de l'anche avec un anneau (que nous appelons ligature).
Pendant de très nombreuses années, le système MULLER prévaudra et il n'y a pas longtemps, certaines harmonies d'amateurs se servaient encore parfois d'instruments de ce système.
Perfectionner le Système MULLER, pourquoi ?Pourquoi perfectionner le système MULLER à 13 clés alors qu'il permet déjà de bénéficier de l'étendue que nous connaissons ?
Les exigences de l'écriture, la bravoure et la technique souhaitée par la musique romantique nécessitent un système encore plus perfectionné. C'est pourquoi l'on recherche toujours à le parfaire, à le compléter, à l'améliorer.
Initiateurs des premières écoles de clarinettes.C'est en Allemagne à la fin du XVIIIème siècle et en France au XIXème siècle que s'établissent les grandes traditions de la clarinette.
* L'école allemande de clarinette est créée par le Bohémien J. BEER
(Voir seconde moitié du XVIIIème Siècle).
* L'école française a comme initiateur Frédériech BEER (1794-1838) qui en 1831 succède à son Maître Xavier Lefèvre à la chaire de clarinette au Conservatoire National de Musique de Paris. C'est lui qui introduit en France la technique de placer l'anche vers le bas, contre la lèvre inférieure, déjà en usage dans l'école allemande. Le successeur de F. BEER est Hyacinthe KLOSE (1808-1880) qui, né dans l'Ile de Corfou, accède à ce poste en 1839. On peut considérer que l'école belge de clarinette dérive de la tradition française.
Perfectionnements divers.Sans grand succès, d'autres facteurs s'ingénient encore à perfectionner l'instrument et c'est ainsi que nous retrouvons en 1823, SIMIOT qui présente à l'exposition du Louvre à Paris, une clarinette sans âme, dite mécanique. En 1828, il construit une clarinette munie de 19 clés et invente l'âme de la clarinette, tube qui, émergeant de la perce du corps du haut, évite l'écoulement de l'eau par le trou du pouce de la main gauche.
En 1823, César JANSSENS présente à la même exposition que SIMIOT, une clarinette dont les quatre premières clés sont munies à leur extrémité de rouleaux mobiles pour aider les doigts à glisser d'une clé à l'autre.
Le système Muller est encore amélioré par le Belge E. ALBERT, par H. BARMANN et, en 1845, par Adolphe SAX qui crée deux anneaux pour permettre à la main droite de rectifier le Si naturellement bas. C'est le dernier apport fondamental à l'ancien système. Ce système serait parfois appelé "Système ALBERT" selon les dire du célèbre fabricant bruxellois. Cet instrument sera encore perfectionné par K. BARMANN (fils de Heinrich) en 1860. Ce sera avec une variante de cet instrument à 18 clés que le clarinettiste Richard MUHLFELD exécutera le quintette en Si mineur que BRAHMS a écrit à son intention en 1891.
Il est intéressant de constater que les quatrre oeuvres que BRAHMS a composées pour la clarinette datent de cette année. Il s'agit :
* Du quintette pour clarinette et quatuor à cordes.
* Du trio pour clarinette, violoncelle et piano.
* Deux sonates pour clarinette et piano.
Avec la version améliorée qu'en firent OEHLER (père et fils) à Berlin, cette clarinette est restée jusqu'il y a peu de temps, le modèle préféré d'un certain nombre de clarinettistes allemands et d'Europe Centrale.
Actuellement, les clarinettes Système BOEHM sont de plus en plus jouées dans ces régions.
Différences entre clarinette Système BOEHM et Système OEHLERLa perce du système Oehler (allemand) est plus étroite, l'anche est plus courte et un peu plus étroite, ce qui produit une sonorité plus acidulée et plus pénétrante.
Source : http://users.skynet.be/LC/Clarinet/Histoire/Hist2.htm#XIX, avec l'aimable autorisation de Laurent Calomne