24/1/8 - Rhapsody in Blue,... au Bozar

Le 24 janvier 2008 à 20h, l'Orchestre Philharmonique de Liège propose au Bozar de Bruxelles :

Aaron Copland : Appalachian Spring
George Gershwin : Rhapsody in Blue
Edgar Varèse : Amériques

L'Orchestre est placé sous la direction de Pascal Rophé; Frank Braley est au piano.

Le magnifique glissando de clarinette du début de Rhapsody in Blue justifie à lui seul sa place dans cet agenda des concerts.

Un sujet est consacré à la Rhapsody in Blue ICI

Je suis allé à ce concert hier.

Aaron Copland : Appalachian Spring

Splendide interprétation très habitée par Pascal Rophé et l'OPL. Une très belle complicité. Les diverses ambiances de l'oeuvre apparaissent clairement. La plus belle oeuvre de ce concert.

George Gershwin : Rhapsody in Blue

Une déception partielle. Je n'ai rien à reprocher à l'OPL mais je dois bien avouer ne pas avoir été sensible à l'interprétation de Frank Braley au piano. Temps fort marqués au détriment de la mélodie. Changements de tempo. Peut-être trop loin des versions que j'avais dans l'oreille... Le public ne partageait manifestement pas mon avis vu l'ovation reçue par Braley... qui nous a offert un petit "Do it again", de Gershwin également, au piano solo. C'était sympa (d'autant que cela m'a rappelé de chouettes souvenirs : j'avais joué ce morceau en duo piano-clarinette pour un examen).

Edgar Varèse : Amériques

Je ne connaissais pas du tout. Un peu de mal à entrer dedans. Mais une implication totale de l'orchestre m'a happé dans cet univers new-yorkais tumultueux. Intéressant, même si je n'écouterais pas cela tous les jours.

Varèse et Copland, chacun dans leur style (qu'on aime ou pas comme tu le fais remarquer) ont écrit des partitions qui me paraissent plus intéressantes que celle de Gershwin, non ? C'est sirupeux et "facile", flatteur en fait. C'est ça qui plaît je trouve. Qu'il y ait là un talent de coloristes c'est certain mais c'est du mauvais jazz. Voilà, c'est tranché mais je dis ça comme je le pense.
J'ai tendance à mieux supporter Copland et son Appalachian spring à la longue tout compte fait...

Copland et Gerschwin, oui (L'Appalachian Spring est magnifique).

Mais Varèse, bof, bof Amériques est pourtant sa première oeuvre (non détruite), elle devrait être plus accessible. C'est aussi sa plus longue : 25 minutes de musique infernale : c'est trop Mais peut-être qu'elle gagne à être écoutée en concert et non pas en CD.

vartan a écrit:

C'est sirupeux et "facile", flatteur en fait. C'est ça qui plaît je trouve. Qu'il y ait là un talent de coloristes c'est certain mais c'est du mauvais jazz.

Peut-être parce que ce n'est pas tout à fait du jazz

Oui, c'est un truc abatardi, c'est bien pire.

Je sais je ne devrais pas...

J'aime beaucoup le Gershwin des comédies musicales, de Porgy and Bess (un peu moins quand même). Mais ces pièces symphoniques que je trouve boursouflées et creuses ont occupé une place aux oreilles du public qui a poussé le jazz créatif vers la marge. Comme si le classique c'était ce que jouent les groupes de rock 'symphoniques'. Voilà. [smiley méchant]

vartan a écrit:

Comme si le classique c'était ce que jouent les groupes de rock 'symphoniques'.

Quoi ??? C'est pas cela le classique ???

Ma vengeance sera terrible.

Ca manque vraiment de smilies méchants ici. C'est pour me brimer ?

vartan a écrit:

Ma vengeance sera terrible.

Ca manque vraiment de smilies méchants ici. C'est pour me brimer ?

Probablement parce que la clarinette adoucit les moeurs

Je vais essayer d'y remédier

Un compte-rendu de ce concert :

Citation :

Du 19 au 27 janvier, l’Orchestre Philharmonique de Liège consacre un festival destiné à illustrer les influences réciproques des compositeurs de l’Ancien et du Nouveau Monde. (...)

L’escale bruxelloise de ce périple n’est pas la moins intéressante avec, pour débuter, la Suite d’Appalachian Spring (1944) de Copland. Décrivant les aventures d’un jeune couple installé dans une ferme en Pennsylvanie au XIXe siècle, cette succession d’épisodes bénéficie d’une mise en place impeccable ainsi que d’une qualité d’exécution soliste particulièrement soignée : cordes denses, bois d’une belle personnalité, cuivres brillants et précis. Pascal Rophé ne néglige pas les variations de climat et les couleurs « nationalistes » de cette partition rendue dans toute sa puissance et sa clarté à l’approche du final.

Ni timidement en retrait, ni égoïstement en avant, Frank Braley se positionne à bonne distance dans la Rhapsody in blue (1924) de Gershwin, respectant ainsi l’importance de la partition d’orchestre. Doigts magnifiques, lisibilité parfaite, accents jazzy légèrement marqués – le contraire aurait été un contre-sens –, le pianiste français, décontracté, convainc pleinement, et ce d’autant plus qu’il souligne adroitement le caractère légèrement improvisé de cette musique. Du célébrissime glissando de clarinette, bien négocié, à la brillante conclusion, la formation liégeoise ne fait montre d’aucune baisse de régime et tourne le dos à toute vulgarité et facilité. Un Song de Gershwin en bis répond aux chaleureux applaudissements du public à l’adresse de Frank Braley, qui semble avoir son fan-club dans la salle.

L’orchestre au grand complet prend place pour Amériques (1921) de Varèse, émigré aux Etats-Unis en 1915 – pays dont il prendra la nationalité en 1926. Ces vingt minutes de musique constituent une impressionnante expérience tant l’inépuisable matière sonore, la tension permanente, la puissance et les explosions de violence inouïes agissent « physiquement » sur l’auditeur. Grâce à l’excellente acoustique de la salle Henry Le Bœuf et au remarquable travail de Rophé à la tête de musiciens inspirés, l’interprétation, équilibrée et raffinée, ne souffre d’aucun effet de saturation. En s’attaquant à cette œuvre spectaculaire, l’Orchestre Philharmonique de Liège prouve, si besoin en était, qu’il a les moyens de ses ambitions.

Sébastien Foucart

Source : ConcertoNet