Poulenc - Sonate pour clarinette et piano (1962)

La Sonate pour clarinette et piano de Francis Poulenc a été composée en 1962 et créée le 10 avril 1963 au Carnegie Hall de New York, lors d'un concert à la mémoire de Poulenc lui-même, décédé brutalement d'une crise cardiaque quelques semaines auparavant.

Lors de cette création, les interprètes étaient Benny Goodman et Leonard Bernstein.

Elle est dédiée à la mémoire de son vieil ami Arthur Honegger, condisciple du Groupe des Six.

D'une forme libre, sans développement, cette sonate propose une ligne musicale claire et simple. Elle débute par un Allegro tristamente sereinement poétique et mélancolique. Les traits de clarinette sont sobrement soutenus par les accords de piano. Le centre du mouvement contient un épisode "doucement monotone" où la clarinette joue une même figure rythmique. La Romenza suit "très douce et mélancolique" et l'Allegro con fuoco final est tour à tour percutant, mélodieux et animé, exprimant la fougue juvénile des jeunes années du compositeur.

Source : Wikipédia

C'est marrant, j'ignorais que Poulenc avait composé pour clarinette! Je ne connais pas du tout cette oeuvre. Pas d'extrait mp3?

Les trois mouvements sont écoutables sur le site du "Duo Alban Berg" :

http://xoomer.alice.it/giorgioberrugicosta/duoalbanberg.htm

C'est pas mal, mais sans plus, je n'en ferais pas ma tasse de thé

Savez vous que Poulenc a composé aussi 2 autres oeuvres pour clarinette ? :

une petite sonate de jeunesse pour 2 clarinettes S 7, en 1918
une sonate pour clarinette et basson S 32, en 1922

sans compter son oeuvre majeure de chambre: le sextuor S 100 de 1939, pour piano, flûte, hautbois, clarinette, cor et basson.

Stéphane a écrit:

Les trois mouvements sont écoutables sur le site du "Duo Alban Berg" :

http://xoomer.alice.it/giorgioberrugicosta/duoalbanberg.htm

Merci Steph. Moi j'aime bien, c'est vivant. Il y a des intonations à la Chostakovitch je trouve dans cette oeuvre.

Snoopy a écrit:

Stéphane a écrit:

Les trois mouvements sont écoutables sur le site du "Duo Alban Berg" :

http://xoomer.alice.it/giorgioberrugicosta/duoalbanberg.htm

Merci Steph. Moi j'aime bien, c'est vivant. Il y a des intonations à la Chostakovitch je trouve dans cette oeuvre.

Oui, dans les mouvements rapides, il rappelle le Chosta "indiscipliné" de ses oeuvres de jeunesse

Quel impétueux ce Chosta-Poulenc !

Stéphane a écrit:

Quel impétueux ce Chosta-Poulenc !

Un autre article sur la Sonate pour clarinette et piano de Poulenc :

Citation :

Cette sonate, avec sa sœur jumelle pour hautbois et piano, constitue l’ultime contribution de Poulenc au répertoire des instruments à vent. Ecrites en 1962, ces deux sonates sont ses dernières compositions ; la carrière du musicien s’est achevée, comme celle de son modèle Debussy, avec des sonates instrumentales. Elles témoignent du goût que Poulenc a cultivé toute sa vie durant pour les instruments à vent. Mises à part la Sonate pour violon et piano de 1943 et la Sonate pour violoncelle et piano achevée en 1948, toute son œuvre de chambre fait en effet intervenir des instruments à vent, de la première Sonate pour deux clarinettes (1918), à la Sonate pour flûte et piano (1957), en passant par le foisonnant Sextuor (1930-1940) ou par le Trio pour hautbois, basson et piano (1926).


Benny Goodman et Leonard Bernstein

Dédiée à la mémoire d’Arthur Honegger, ami et collègue de Poulenc au sein du Groupe des Six, et disparu sept ans plus tôt en 1955, la Sonate pour clarinette et piano comprend trois mouvements : Allegro tristamente, La Romanza et Allegro con fuoco. Elle fut créée post mortem au cours d’un concert d’hommage à Carnegie Hall, le 10 avril 1963 – deux mois après la mort du musicien – par Benny Goodman accompagné au piano par Leonard Bernstein.

A la rythmique jazz qui ouvre l’oeuvre, écrite pour le clarinettiste Benny Goodman, succède immédiatement une phrase extrêmement lyrique. La confrontation de ces deux éléments est développée durant tout le mouvement, qui se termine dans une couleur sombre de si mineur. Intense mélopée de style mélodie accompagnée – la clarinette se fait presque voix – le deuxième mouvement est au contraire fondé sur la continuité des séquences thématiques. La tension quasi dramatique engendrée par l’agencement des formes à l’échelle de l’ensemble de l’œuvre trouve sa résolution dans le caractère enjoué du troisième mouvement. Cet allegro final renoue avec l’écriture rythmique du premier mouvement, mais dans un caractère pleinement joyeux. Des éléments thématiques issus de l’Allegro tristamente, comme le trille, sont ici repris sous un éclairage plus fantasque.

La maturité à laquelle était alors parvenu le compositeur lui permet de jouer sur différents registres de discours au sein d’une même structure musicale. Héritée de Debussy, cette fantaisie de l’expression peut être rapprochée de celle qui domine toute la Sonate n°1 pour violoncelle et piano de celui-ci.

Benoît Walther

Source : Le site de Radio France

Cette sonate de Poulenc se retrouve dans une Intégrale de la Musique de Chambre de Poulenc parue chez Naxos :




C'est Ronald VAN SPAENDONCK qui tient la clarinette dans ce coffret dont les CDs sont aussi disponibles séparément (lien direct vers le site de Naxos sur les pochettes ci-dessous) :

Ca à l'air intéressant

Snoopy a écrit:

Ca à l'air intéressant

Je viens de recevoir le coffret...

Reste plus qu'à écouter tout cela

J'ai un petit faible pour cette version de toutes les sonates si mélacoliques de Poulenc.

Je ne connais pas cette version.

Et je n'ai même jamais entendu parler d'Eli Eban qui interprète la sonate pour clarinette.

Ce CD a l'air bien coté

Tu ne donnes pas le détail, mais je suppose qu'il y a les sonates pour violoncelle, violon, flûte, hautbois et clarinette (ce sont les seules avec un instrument soliste et piano, plus une élégie pour cor et piano).

Celle que je préfère parmi les cinq, c'est celle pour flûte et piano, qui a un caractère plus romantique, je trouve.

joachim a écrit:

Tu ne donnes pas le détail, mais je suppose qu'il y a les sonates pour violoncelle, violon, flûte, hautbois et clarinette.

Ce sont bien ces sonates-là

Petit compte-rendu d’une écoute comparée des sonates de Poulenc.

J’ai procédé à une écoute attentive de deux versions des sonates de Poulenc.

La première est issue de l’Intégrale de la Musique de Chambre de Poulenc parue chez Naxos, avec Alexandre THARAUD au piano. La seconde est reprise sur un CD paru chez Saphir, avec Émile NAOUMOFF au piano.



Je vais les passer en revue dans l’ordre du CD Saphir :

1- La sonate pour clarinette et piano.

Cette sonate achevée en 1962 est dédiée « à la mémoire d’Arthur Honegger ». Elle fut créée par Benny Goodman et Leonard Bernstein le 10 avril 1963 au Carnegie Hall de New York.

Il est toujours difficile de s’affranchir de la première version d’une œuvre qu’on entend… C’est peut-être encore plus difficile pour cette sonate que j’ai écoutée régulièrement dans la version « Tharaud », avec Ronald Van Spaendonck à la clarinette. Et ce d’autant plus que j’ai eu l’occasion de l’écouter en concert avec le même clarinettiste. Je suis donc fort accroché à cette version.

Je trouve sa version très emprunte d’une tristesse presque maladive, très « pesante », très « sec » par rapport à la version beaucoup plus « légère », plus mélancolique d’Eli Eban et Emile Naoumoff. Deux versions très belles mais très différentes.

2- La sonate pour flûte et piano.

Ebauchée en 1952 et reprise pour être achevée en 1957 suite à une commande, la première sera donnée par Francis Poulenc et Jean-Pierre Rampal le 18 juin 1957.

Alexandre Tharaud est accompagné de Philippe Bernold, tandis qu’Emile Naoumoff est rejoint par Michel Moraguès.

Incontestablement la sonate la plus primesautière de Poulenc.

Si Bernold se met fort en avant par rapport au piano (à moins que ce ne soit Tharaud qui reste en retrait…), la version de Naoumoff-Moraguès me semble plus équilibrée, plus cohérente dans le jeu respectif des instruments. Cette version est tout simplement splendide.

3- La sonate pour violon et piano.

Composée en 1942-43 et révisée en 1949, cette sonate est dédiée à Garcia Lorca. Voici ce qu’en dira Poulenc lui-même : « En dépit de quelques détails violonistiques savoureux dus à la seule Ginette Neveu (…), cette sonate est carrément ratée ». Jugement sévère et injuste.

Graf Mourja tient le violon aux côtés d’Alexandre Tharaud, tandis que c’est Régis Pasquier qui accompagne Emile Naoumoff.

Les tempos sont suffisamment différents entre les deux versions pour que je trouve utile de renseigner les minutages :

1er mouvement : Allegro con fuoco : Tharaud-Mourja – 6:35 ; Naoumoff-Pasquier – 6:12
2ème mouvement : Intermezzo - Très lent et clame : T-M – 5:50 ; N-P – 6:47
3ème mouvement : Presto tragico : T-M – 6:03 ; N-P – 5:00

Une telle différence de tempo ne peut que se traduire dans la perception qu’on peut avoir de l’œuvre. Mais il y a en outre une approche fort différente. Le jeu de Tharaud est à nouveau assez sec. Si cela convenait à merveille à la sonate pour clarinette, cela semble nettement moins indiqué pour cette sonate-ci.

Par contre, la version de Naoumoff et Pasquier est plus dans l’esprit espagnol voulu par Poulenc.

Pas besoin de vous dire laquelle j’ai préféré…

4- La sonate pour piano et violoncelle.

Esquissée en 1940 mais terminée en 1948 (première publique, le 18 mai 1949), cette sonate pour piano et violoncelle marie tout au long des quatre mouvements les envolées ardentes du piano aux riches textures du violoncelle.

Françoise Groben accompagne Alexandre Tharaud, Roland Pidoux fait de même avec Emile Naoumoff.

Ici Tharaud se met plus en avant, et ce à juste titre. Très belle interprétation avec une magnifique Cavatine et un Ballabile très festif.

Emile Naoumoff me semble plus vouloir servir le violoncelle. Il en découle une atmosphère assez différente, plus confinée, plus cosy.

J’ai une petite préférence pour la version de Tharaud même si l’autre version est aussi très réussie.

5- La sonate pour hautbois et piano.

Terminée durant l’été 1962, cette sonate sera créée le 8 juin 1963 au Festival de Strasbourg. Elle est dédiée à Serge Prokofiev.

Cette sonate, qui a une structure lent-vif-lent, est pour moi la plus délicate des sonates de Poulenc. Dans la Déploration finale, le piano ne semble être là que pour créer l’espace où le hautbois pourra démontrer toute sa mélancolie.

Ici, Alexandre Tharaud accompagne Olivier Doise et Emile Naoumoff, François Meyer.

Ce sont peut-être les deux versions de cette sonate qui sont les plus proches. Vraiment, il est difficile pour moi de les comparer. Très belles en tout cas.

En conclusion :

Voilà deux séries de sonates assez différentes dans leur conception et dans leur interprétation.

De très beaux enregistrements en général.

Mes coups de cœur :

- La sonate pour clarinette et piano par Ronald Van Spaendonck et Alexandre Tharaud.
- La sonate pour flûte et piano par Michel Moraguès et Emile Naoumoff.

Bonjour.
Selon mon goût, la meilleure version de la sonate pour clarinette et piano qu'il m'ait été donnée d'entendre est celle de VAN SPAENDONCK et THARAUD, présente sur ce CD, avec également quelques petits bijoux de la musique française pour clarinette:

C'est chez Harmonia Mundi me semble-t-il.

orfeo25 a écrit:

Bonjour.
Selon mon goût, la meilleure version de la sonate pour clarinette et piano qu'il m'ait été donnée d'entendre est celle de VAN SPAENDONCK et THARAUD, présente sur ce CD, avec également quelques petits bijoux de la musique française pour clarinette:

C'est chez Harmonia Mundi me semble-t-il.

C'est bien chez Harmonia Mundi.

Vu la date de parution du CD (janvier 1997) et les indications du livret de l'Intégrale Naxos (enregistré entre octobre 1995 et octobre 1997), il est possible que ce soit la même version.

En tout cas, émanant des mêmes interprètes et à la même période, cela doit être fort proche

PS: Bienvenue à toi ... et n'hésite pas à passer par le hall des Présentations

La lecture de ce sujet m'a donné envie de me replonger dans la mélancolie et l'ironie chères à Poulenc, et qu'il met admirablement en exergue dans cette sonate. Après avoir tenté de passer les traits de cette sonate oh combien difficile pour mes petits doigts gourds, j'ai bien failli mettre ma clarinette au feu de dépit, puis je me suis souvenu que j'avais plutôt bien réussi le 2ème mouvement en récital il y a un an. Alors ya pas de raison, ça va venir à force de travail. Je vais peut-être essayer un peu moins vite !
Puis, pour détendre un peu et préserver ma clarinette des flammes, j'ai réécouté les versions dont je disposais. Celle de VAN SPAENDONCK et THARAUD demeurait ma préférée... jusqu'à ce que je décide d'essayer de trouver d'autres versions sur notre baudet favori (âne ou mulet pour ceux qui sont un peu longs à la détente ) et c'est alors que je suis tombé tout à fait fortuitement et illégalement sur la version d'Alessandro Carbonare, qui désormais me pose un cas de conscience lorsque je souhaite placer la VAN SPAENDONCK / THARAUD en tête de gondole. Entre les deux mon coeur balance...

Stephane, si tu n'éprouves pas trop de remords à employer un aussi vil procédé, botte un peu les fesses du mulet pour qu'il aille te chercher cette version, qui jusqu'ici m'était inconnue, et dis-moi ce que tu en penses. Je ne sais malheuresement ni qui est le pianiste, ni qui publie cette version. Si tu trouves, fais-moi signe, je l'achète immédiatement.

J'espère que vous éprouvez ou éprouverez un jour tous autant de plaisir que moi à jouer cette sonate (mes histoires de brasier n'étaient que pur effet narratif ! ).

Je n'ai pas trouvé d'enregistrement sur le net

Par contre, j'ai vu qu'Alessandro Carbonare avait joué cette sonate avec Andrea Dindo ICI

Est-ce lui que tu as entendu ?

En tout cas, j'aurai encore bien des progrès à faire avant de pourvoir envisager de me mettre à la jouer moi-même

Essaye-toi au deuxième mouvement pour commencer, il n'est pas si difficile. Faut juste maîtriser son suraigu dans les nuances piano. Les deux traits (identiques) ne sont pas très difficiles, avec un peu de travail ils passent sans problème, même pour quelqu'un qui n'a pas une technique énorme.

orfeo25 a écrit:

Faut juste maîtriser son suraigu dans les nuances piano.

Je demanderai à ma prof pour voir si elle n'a pas la partition pour me la prêter

euh........
autres versions interessantes à écouter !

Robert FONTAINE ( ACCORD 1996)
Jean-Marc FESSARD ( DUX 2001)
Claude FAUCOMPREZ ( HARMONIA MUNDI ..Vinyl )
Florent HEAU ( LYRINX 2002)
Pascal MORAGUES ( PRAGA 1998)
Karl LEISTER ( DEUTSCHE GRAMMOPHON 1989)
......................

Citation :

Essaye-toi au deuxième mouvement pour commencer, il n'est pas si difficile. Faut juste maîtriser son suraigu dans les nuances piano. Les deux traits (identiques) ne sont pas très difficiles, avec un peu de travail ils passent sans problème, même pour quelqu'un qui n'a pas une technique énorme.

C'est relatif...
Pour moi ce n'est pas pour tout de suite mais je rêve de jouer ce morceau un jour!